lundi 28 juillet 2014

Jolie Môme

Je voulais ici témoigner de la première expérience professionnelle de Garce Kelly, à l’aube de ses 17 ans. Elle était à cette époque, mon esthéticienne préférée à l’institut « Jolie Môme »…
Dans cet antre réputé de la beauté artificielle et superficielle, les petites esthéticiennes débutantes se faisaient laminer par la « Mère Nicolas », comme elles l’appelaient entre elles. Patronne irascible, à la méchanceté féroce et gratuite envers ses jeunes employées tremblantes.
La jeune Garce comprit vite à qui elle avait affaire et décida d’en tirer le meilleur profit. N’était-elle pas ici aux premières loges, à l’école de la méchanceté et du cynisme ?
Alors, après avoir enfilé sa petite blouse rose bonbon, ourlé ses délicates lèvres enfantines de « rose polaire n°62 », elle vaquait à ses obligations (épilations, soins visage, manucures, etc …) avec application. La « Mère Nicolas » s’attacha à cette jeune fille gracieuse, souriante et disponible, au caractère souple. « Et intelligente avec ça ! » disait-elle en évoquant la petite Garce et en avalant ses sempiternelles gélules d’Extra-Levure (Madame Nicolas souffrait d’un transit capricieux…).
La jeune Garce, durant ses deux années d’apprentissage endura nombreux coups bas et vexations en serrant les dents, mais un vilain jour d’octobre, la coupe fut pleine.
Au moment où elle s’empara des pilules anxiolytiques, chapardées à sa vieille voisine du dessus, (pour calmer ses bouffées de rage), Garce eut un éclair de génie : « Pourquoi m’empoisonner avec ces saloperies ? »… Alors, à l’aide d’un pilon de marbre, elle écrasa consciencieusement et rageusement les petits cachets blancs. La poudre obtenue fut substituée soigneusement à celle contenue dans des gélules « d’Extra-Levure », celles-là mêmes que gobait chaque matin à l’institut, la Mère Nicolas …
Après avoir échangé discrètement les flacons, Garce put constater, les jours qui suivirent, l’efficacité de ces petits cachetons…
La Mère Nicolas se transforma en douce brebis. Il ne lui manquait que quelques fleurs dans les cheveux pour la jouer, façon Woodstock, « peace and love », auprès de ses petites employées dubitatives.
Hélas, par une fin d’après-midi sombre et froide de novembre, et ce afin de se prémunir contre une épidémie de gastroentérite galopante, Madame Nicolas « dépassa la dose prescrite » d’Extra-Levure. Elle avala six gélules précipitamment, en sortant de la cabine d’U.V., où elle venait d’installer Madame Pételle.
« Occupez-vous d’elle, ma petite Garce et vous fermerez l’institut ce soir, moi, je rentre, je suis épuisée et j’ai de la route ! » furent ses derniers mots à l’intention de Garce.
Deux heures plus tard, tandis que Garce s’apprêtait à fermer l’institut de beauté, un appel téléphonique lui apprit que le petit coupé cabriolet rouge de Madame Nicolas s’était encastré dans un platane, la tuant sur le coup, sur la route sombre et froide de novembre qui la ramenait chez elle.
Un frisson, sombre et froid lui aussi, parcouru alors furtivement la colonne vertébrale de Garce et même si le gendarme au téléphone parlait sans équivoque d'un tragique mais banal accident de la circulation, la jeune Garce se dépêcha de faire disparaitre le flacon d’Extra-Levure qui trainait dans le tiroir-caisse…
Puis, elle enleva sa petite blouse rose bonbon, la roula en boule dans son sac… et décida de changer d’orientation professionnelle.
méchamment écrit par Véronica

3 commentaires:

  1. L'histoire ne dit pas si le frisson qu'elle éprouva a ce moment là, fut la dernière manifestation de remords d'une âme qui ne s'en embarrasserait plus jamais désormais, où les prémices d'une jouissance malsaine qui ne devrait plus la quitter.

    RépondreSupprimer
  2. moi je crois que ce premier frisson est le début d'une grande carrière de (sal...) méchante

    RépondreSupprimer
  3. C'est une garce par hasard quand même ^^
    elle voulait juste aider l'humanité en calmant la mégère !

    RépondreSupprimer